Le président français Emmanuel Macron a intensifié sa recherche d’un nouveau Premier ministre, après près de deux mois de blocage politique suite aux élections législatives non concluantes. Lundi, il a rencontré deux anciens présidents et deux candidats potentiels pour ce poste.
Depuis les élections du 7 juillet, la France est sans gouvernement permanent. La faction de gauche est apparue comme le plus grand groupe dans un parlement suspendu, les centristes de Macron et l’extrême droite constituant les autres factions significatives.
Deux candidats potentiels pour le poste de Premier ministre, l’ancien Premier ministre de centre-gauche Bernard Cazeneuve et l’ex-ministre de droite Xavier Bertrand, ont eu des discussions séparées avec Macron. Il est d’usage pour le président français de consulter ses prédécesseurs lors de moments nationaux critiques. Macron a également rencontré les deux anciens présidents vivants, Nicolas Sarkozy et François Hollande.
Macron a été critiqué par la gauche pour avoir refusé de considérer un candidat de gauche pour le poste de Premier ministre, arguant qu’un tel individu ne survivrait pas à un vote de confiance au parlement. Malgré le blocage politique en cours, Macron, qui a moins de trois ans restants dans son mandat, n’a pas précipité la décision, profitant de la distraction fournie par les Jeux Olympiques et Paralympiques.
Urgence renouvelée pour trouver un nouveau Premier ministre
Alors que la France revenait de sa pause estivale, des signes d’urgence renouvelée se faisaient sentir. Macron a reçu Cazeneuve tôt lundi, un ancien leader socialiste qui a servi comme Premier ministre dans les derniers mois de la présidence de Hollande. Les commentateurs estiment que Cazeneuve est le candidat le plus probable à être nommé par Macron, bien que sa sélection ne soit pas garantie.
Cazeneuve, âgé de 61 ans et ayant une vaste expérience en tant que ministre de l’Intérieur, y compris pendant les attentats de Paris en 2015, est respecté à travers le spectre politique. Cependant, le parti d’extrême-gauche La France Insoumise (LFI) reste opposé à lui, sa leader parlementaire, Mathilde Panot, le considérant comme faisant partie du « vieux monde. »
Dans l’après-midi, Macron devait également rencontrer Xavier Bertrand, un ancien ministre et actuel président de la région Hauts-de-France, qui serait un choix plus acceptable pour les factions de droite.
Nommer un ancien Premier ministre d’une administration précédente pourrait être considéré comme un recul pour Macron, qui est arrivé au pouvoir en 2017 en promettant un changement radical.
Pendant ce temps, il y a des spéculations selon lesquelles un troisième candidat pourrait émerger, certains se concentrant sur Thierry Beaudet, président du Conseil Économique, Social et Environnemental, bien qu’il soit largement inconnu du public français.
Travail difficile pour Macron
Le choix du Premier ministre sera crucial, car le nouveau nommé devra naviguer dans une Assemblée nationale profondément polarisée et faire face à des défis importants. Un nouveau gouvernement doit déposer un projet de loi de finances pour 2025 d’ici le 1er octobre, une tâche que l’administration intérimaire sous Gabriel Attal, en place depuis juillet, est incapable de gérer. Avec une dette de 110 % de la production annuelle, la France a déjà fait face à une dégradation de sa note de crédit et à des avertissements de la Commission européenne concernant des déficits excessifs.
Le rôle du président de l’assemblée, similaire à celui d’un président de chambre qui organise l’agenda de la chambre et supervise les débats, est devenu particulièrement significatif à un moment où il reste incertain qui dirigera le gouvernement, aucun parti ou coalition n’ayant sécurisé une majorité absolue.
Une alliance de gauche, qui est apparue de manière inattendue en tête lors des élections du 30 juin et du 7 juillet et qui a depuis été profondément divisée sur le choix d’un candidat au poste de Premier ministre, s’efforce maintenant de s’entendre sur un candidat pour le poste de président de l’assemblée.
Le Nouveau Front Populaire (NFP), une alliance comprenant des socialistes, des Verts, le Parti Communiste et La France Insoumise, a été rapidement formée avant l’élection. Cependant, après avoir échoué à obtenir une majorité absolue, les tensions de longue date entre les partis ont ressurgi sur la personne qui pourrait potentiellement diriger un gouvernement de gauche.
Ajoutant à la complexité, Macron a exhorté les partis traditionnels à former une alliance pour établir un gouvernement, une proposition qui inclurait certains membres du NFP mais exclurait La France Insoumise.
Comment est nommé le Premier ministre en France ?
Le processus de nomination du Premier ministre et du cabinet en France est guidé par la Constitution française, qui accorde au président le pouvoir de choisir le Premier ministre. Cela signifie que le président Macron n’est pas obligé de sélectionner quelqu’un du plus grand bloc, qui est actuellement le NFP.
Cependant, le cadre institutionnel suggère que le Premier ministre choisi doit obtenir suffisamment de soutien à l’Assemblée nationale pour éviter un vote de censure, ce qui pourrait entraîner l’effondrement du gouvernement. Étant donné qu’aucun groupe politique ne détient actuellement une majorité absolue, Macron et le NFP doivent parvenir à un accord pour garantir la stabilité.
Macron et le NFP auraient besoin d’un soutien au moins tacite, que ce soit par abstention ou soutien explicite d’autres partis politiques.
Après la nomination du Premier ministre, il est de sa responsabilité de sélectionner le cabinet ministériel. En général, le président joue un rôle significatif dans ce processus, notamment pour les nominations clés comme les Ministres des Affaires Étrangères et de la Défense, domaines souvent considérés comme relevant des « domaines réservés » non officiels du Chef de l’État.